L’amour après 70 ans : oui, toujours !
Allongement de la durée de vie, crise de la cinquantaine ou du début de la retraite, volonté d’épanouissement personnel… Quelles que soient les circonstances et motivations, les seniors sont en effet de plus en plus nombreux à reconnaître que leur vie amoureuse, et pourquoi pas sexuelle, fait toujours partie de leurs préoccupations. Si la sexualité des seniors est évoquée par certains à mots couverts, d’autres en parlent ouvertement. Réseaux sociaux et sites de rencontres facilitent les échanges verbaux, et « plus si affinité ». Le sujet n’est plus tabou. Alors, oui, parlons-en ! L’amour n’a pas d’âge !
Sexagénaires, les bien nommés !
Evoquant ce nouveau comportement des plus de 60 ans, un journaliste radio allait jusqu’à parler des «sexagénaires les bien nommés ». Reprenant ainsi le jeu de mots de Guy Bedos, dans son Journal d’un Mégalo, à l’approche de son anniversaire. « Ce qui me console de souffler bientôt ma soixantième bougie, c’est que dans sexagénaire, il y a sexe ». Les mots nous montreraient-ils la voie ?
Et si la révolution sexuelle passait aujourd’hui par les seniors ?
De fait, les statistiques semblent bien indiquer qu’il y a un changement dans la vie affective des personnes âgées. Si dans les décennies antérieures, les seniors semblaient condamnés à une sorte de désert sexuel, aujourd’hui les comportements et les mentalités changent. 90% des seniors en couple de plus de 50 ans déclarent avoir eu des relations sexuelles au cours des 12 derniers mois. Alors qu’ils n’étaient que 77% en 1992, et 53% en 1970. Et dans la tranche d’âge de 70 à 77 ans, ils sont la moitié à déclarer avoir toujours une activité intime. C’est en général le décès du conjoint qui viendra mettre fin à ces relations. A l’âge de 80 ans, 50% des femmes ont perdu leur compagnon contre seulement 18% des hommes.

La sexualité des seniors : les chiffres et la réalité
Fanfaronnade, liberté de parole aujourd’hui assumée : au-delà des chiffres et de leur évolution exponentielle, il y a bel et bien un changement dans la vie affective des personnes âgées. Si la tendresse reste toujours la base d’un couple épanoui pour la très grande majorité des françaises, un quart d’entre elles estiment que la vie sexuelle est indispensable à la longévité d’un couple… et seulement 7% d’elles se reposent sur leurs bons petits plats de ménagère pour maintenir la flamme de leur foyer !
Troisième âge et nouvelle sexualité
Mais avoir des relations sexuelles fréquentes ne signifie pas forcément avoir une vie affective satisfaisante. Des rapports nombreux peuvent en effet cacher des situations plus complexes comme la peur que son partenaire aille « voir ailleurs », un besoin d’affection non satisfait ou encore, une manière de prouver à ses propres yeux que l’on est encore performant(e) et séduisant(e) en refusant ainsi de vivre son âge réel. Et inversement, des couples peuvent vivre avec une très belle harmonie une apparente abstinence sexuelle.
La vie sexuelle, que l’on associe fréquemment à la jeunesse, pourrait paradoxalement s’avérer plus épanouie avec l’âge. Nombreux sont les seniors qui vont même faire l’expérience d’une nouvelle sexualité.
Passé la fougue, la recherche de l’exploit, de sensations fortes, du plaisir à tout prix, la tendresse ouvre la voie à de nouvelles découvertes, la douceur laisse de l’espace pour d’autres échanges. On s’attarde davantage aux fameuses préliminaires. Au-delà des marques de tendresse, les caresses permettent aux corps de s’éveiller à leur rythme. Certains troubles physiologiques (difficultés d’érection ou de lubrifications) s’atténuent ainsi, voire même disparaissent.
Amour et vieillesse : pas incompatibles, au contraire !
Libéré de certaines contingences du quotidien (travail, enfants), l’esprit se révèle plus libre, plus créatif, plus réceptif à l’autre. La vie affective et sexuelle s’en trouve enrichie . « Avec la maturité et l’expérience, nous connaissons mieux notre corps. Si ces moments de partage sexuel sont liés à des relations affectives de qualité, cela peut même être mieux qu’à 30 ou 40 ans ! L’expérience et notre capacité d’aimer jouent en faveur de la sexualité ! », confiait Marie de Hennezel à Laura Cerrada, journaliste à la Dernière Heure, à l’occasion de la sortie en format poche de son ouvrage « Sex and sixty » avec un titre plus soft : « L’âge, le désir & l’amour ».
« Il arrive aussi que les sexagénaires, septuagénaires et plus âgés encore vivent une nouvelle histoire d’amour. Les amours tardives ou le retour d’un ancien amour sont signe de renouveau. Le désir et l’énergie reviennent naturellement, dans un contexte plus apaisé. Ces personnes se sentent plus libres aussi », poursuit Marie de Hennezel.
« J’ai rencontré de nombreuses sexagénaires et septuagénaires très épanouies sur le plan sexuel. Bien plus qu’avant. »
Marie de Hennezel confidente des senior lovers
Avec pudeur et délicatesse, sans voyeurisme aucun, Marie de Hennezel relate le parcours amoureux et sexuel de seniors. On entre ainsi avec elle dans l’intimité de ces couples qui cultivent l’art de vivre et d’aimer, avec tendresse, créativité et sans tabou, sans ligne de conduite prédéfinie, sans marche forcée, en toute liberté. Le sous-titre de l’ouvrage, « L’intimité après 60 ans : les chemins de l’accomplissement », donne bien la direction suivie.
C’est en effet à un chemin très personnel que chacun de nous est invité. Si des pistes sont évoquées (yoga, tantrisme), on sent bien que l’essentiel est ailleurs que dans des techniques. Des mots reviennent au fil des pages : lâcher prise, abandon, confiance en soi, intimité, tendresse, empathie. Il y a un vrai bonheur à découvrir la jeunesse de ces amants aux cheveux gris, à comprendre que ces corps ridés sont en dépit de leurs faiblesses et des marques du temps, toujours aimants et désirables.

Ces témoignages ne peuvent que nous interpeller
Les seniors et l’amour : extraits de témoignages recueillis sur le net
« A 70 balais passés, je me dis qu’il n’est pas possible de rester ainsi. Je ne cherche pas la performance sexuelle ! Je voudrais simplement me sentir bien avec l’autre et que l’autre se sente bien avec moi. Sentir que mes envies sont perçues comme quelque chose de normal. Qu’un sujet coquin / libertin abordé ne se termine pas vite en queue de poisson parce qu’en face on n’ose pas aller trop loin (la peur de soi et de ses propres fantasmes). »
« Après un divorce compliqué et une vie de célibataire j’ai eu la chance de croiser la femme de ma vie, de 17 ans ma cadette. Je craignais les mauvais regards. Au final je n’ai jamais été aussi heureux. J’ai une complicité sexuelle que jamais je n’aurais imaginé. Comme quoi rien n’est vraiment éteint. Aujourd’hui je rayonne, ma compagne m’apporte une seconde jeunesse . »
« Il est toujours possible de faire l’amour après la cinquantaine. Et je confirme, le sexe a plus de signification à cet âge. Il ne faut pas éviter ce sujet car plus on vieillit, plus on est à la recherche de plaisir. Optez et construisez-vous une petite vie au large. »
L’émouvante déclaration d’un vieux couple
A 60 ans, grâce à l’allongement de l’espérance de vie, chacun peut (ou pourra) en effet considérer qu’il lui reste encore près du tiers de sa vie devant lui. Les progrès de la médecine, l’amélioration des conditions de vie nous donnent aujourd’hui une bien meilleure condition physique et mentale que les générations qui nous ont précédés. A chacun de voir, face aux limitations de l’âge, quel choix de vie il souhaite faire. Notre liberté s’écrit aussi dans nos faiblesses.
Dans les dernières pages de son ouvrage, Marie de Hennezel livre aussi ces derniers échanges d’un couple âgé : « Je ne t’ai jamais autant aimé(e) », se disent mutuellement ces deux amants, à l’heure où la mort va les séparer. Vibrant et brûlant témoignage. Oui, l’amour n’a pas d’âge.
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