Sentir et ressentir pour mieux vivre !
Baisse de la vue, de l’ouïe… avec l’âge, les troubles sensoriels deviennent plus importants et se cumulent parfois. Ces troubles inquiètent à juste titre les personnes âgées et leur entourage. Pourtant des moyens existent pour faire face à ces troubles et y remédier. Aider les personnes âgées à conserver une activité sensorielle s’avère en effet une des clés du bien-vieillir.
Difficultés à entendre, à comprendre, à s’entendre …
Problème bien connu des seniors, les difficultés d’audition s’accroissent avec l’âge. À 50 ans, une personne sur cinq a au moins de légères difficultés auditives, une personne sur dix rencontre des difficultés moyennes. A partir de 80 ans, plus d’une personne sur deux est confrontée à ces problèmes, même s’ils ne sont que légers.
La détérioration des facultés auditives s’installe ainsi progressivement au fil des années. Elle concerne au début les sons les plus aigus et les bruits de l’environnement immédiat (bruit de pas ou de la circulation). La personne malentendante entend mais éprouve des difficultés grandissantes à comprendre. C’est ce qu’on appelle la presbyacousie.
De ces problèmes de compréhension vont ensuite découler des problèmes de vie quotidienne : difficultés à repérer les bruits tels que coups de téléphone ou sonnette, difficultés à entrer dans une conversation. Si les troubles auditifs ne sont pas repérés, on peut croire à une baisse des facultés cognitives et adopter par conséquent des comportements inadéquats : parler à la personne comme à un enfant, ne plus solliciter son avis ou encore décider pour elle d’un changement d’organisation de la vie quotidienne.
Sans compter que ces difficultés de communication vont entraîner progressivement une diminution des contacts, et donc un isolement de la personne malentendante. La stimulation cognitive est moins importante, et dès lors, ce sont peu à peu les cinq sens qui peuvent s’émousser.
Quelles solutions ?
Des solutions existent, à commencer par un examen régulier de l’audition et de l’appareillage si nécessaire. Quelles que soient ses contraintes, l’appareillage s’avère précieux à la fois pour la personne âgée qui voit son handicap corrigé mais également pour son entourage qui peut adapter son comportement en conséquence.
Des règles simples peuvent faciliter la conversation : éviter les bruits de fond, se placer face à la personne pour lui parler, parler doucement et en articulant bien, ne pas créer de bavardages sources de confusion, demander à la personne dans quelles circonstances elle comprend mieux et bien entendu envisager l’appareillage. Globalement, les problèmes auditifs sont moins bien diagnostiqués et moins bien pris en charge par les complémentaires (en attendant une réforme à venir), alors qu’ils sont une des premières causes, si ce n’est la première, d’isolement social, avec les risques psychologiques induits.
La vue
La vue est des cinq sens celui qui est le mieux suivi. Les premiers troubles de la vision apparaissent généralement autour de la quarantaine. Avec la presbytie (liée notamment au fait que la cornée devient moins élastique), la myopie (les yeux ont du mal à voir avec précision les objets proches), l’impression de voir double ou des points ou encore un halo. Autant de problèmes de vision qui peuvent avoir des causes diverses.
Le bon réflexe est d’aller voir sans tarder un ophtalmologiste qui orientera le patient vers la solution adaptée : loupe de lecture, port de lunettes, traitements, voire chirurgie.
Divers moyens, parfois fort simples, peuvent faciliter la vie des malvoyants. Pour un éclairage de qualité, on multipliera par exemple les sources lumineuses plutôt qu’un plafonnier trop puissant. On veillera à avoir toujours le faisceau lumineux derrière soi pour lire ou travailler. On s’intéressera aux livres en gros caractères.
Pour lutter contre l’éblouissement on installera des stores, on évitera les planchers cirés, on portera lunettes et/ou chapeau de soleil à l’extérieur. Pour rendre une pièce plus lumineuse, on choisira des peintures claires. Dans la cuisine, on marquera de manière très lisible certains produits qui peuvent être facilement confondus.
On peut aussi installer des rubans adhésifs de couleurs autour des interrupteurs pour mieux les repérer, un éclairage LED à détection automatique pour faciliter le déplacement dans les couloirs ou dans certaines pièces.
Enfin il est important d’échanger avec l’entourage pour adopter ensemble les bons comportements : conseils pour mieux ranger les produits ou vêtements, choix des itinéraires les plus sécurisés, aides à mettre en place etc.
Le toucher
Parmi les 5 sens, le toucher est peut-être, avec l’odorat, un des plus négligés. Pourtant l’odorat est un sens particulièrement important dans la vie quotidienne d’une personne âgée.
Il permet de ressentir tactilement certaines impressions (température, douleur, vibrations, pression) qui transmettent à notre cerveau des informations importantes sur notre état ou notre environnement. Ainsi les personnes âgées seront moins sensibles à une brûlure ou à l’usage d’un produit toxique et leur réaction plus tardive peut aggraver les dommages subis.
Certains équipements, comme les robinets thermostatiques pour la douche ou la baignoire, sont une bonne réponse. En cas de canicule, les ventilateurs, qui ne génèrent pas de changements brusques de température, sont aussi à privilégié plutôt que la climatisation. Là aussi, la réponse adaptée passe par un examen minutieux des dangers potentiels.
L’odorat et le goût
Parmi les 5 sens, le goût et l’odorat vont souvent de pair. Tous deux sont associés à l’alimentation, à la fois dans sa concrétisation du repas mais aussi dans sa portée symbolique, la vie : ne parle-t-on pas du « goût de la vie » ?
Le plaisir du repas dépasse le cadre du contenu de l’assiette ou du verre. Il englobe notamment le plaisir de partager un bon moment avec d’autres convives. Pour les seniors, la perte du goût peut entraîner une baisse de l’appétit (la dénutrition est souvent à l’origine des problèmes de santé des personnes âgées ), l’impression d’être en décalage avec son entourage, l’isolement, voire la dépression.
Pour ne pas entrer dans cette spirale, des solutions existent
Là encore, il est utile de commencer par en parler avec le médecin traitant pour vérifier qu’une pathologie ou un médicament n’est pas à l’origine de ce trouble.
Après cette vérification, il faut accorder une attention particulière aux repas, la manière dont ils sont pris et leur contenu. Prendre le temps de bien mastiquer, boire suffisamment pour éviter que la bouche ne se dessèche, utiliser les épices, condiments et herbes fraîches pour relever les saveurs (mais limiter le sel). Des nouveaux réflexes que la personne âgée doit adopter.
On pourra aussi l’inviter à décrire les goûts ou sensations perçus, lui demander ses préférences, lui faire découvrir d’autres mets. En d’autres termes, la stimuler pour lui redonner le goût de manger ! Bien entendu il faut veiller à la qualité des repas proposés. Les produits frais et de saison ont, non seulement de meilleures qualités nutritives, mais ils sont aussi plus goûteux et bien plus appétissants que les denrées surgelées ou en conserve !
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Pour la perte d’odorat, les préconisations sont sur le même modèle. Consulter un ORL et stimuler là aussi le réapprentissage des odeurs. Si la perte d’odorat est importante, il convient de prendre des précautions. Comme par exemple la suppression du gaz pour la cuisson ou le chauffage qui peut s’avérer indispensable.

Encourager les activités sensorielles
Comment faire face à cette baisse de la capacité sensorielle des seniors ? Il existe désormais toute une variété d’activités destinées à aider les aînés à stimuler les 5 sens. Les résidences pour personnes âgées proposent pour la plupart des animations pour personnes âgées. Des activités qui, directement ou indirectement, contribuent à l’éveil sensoriel des résidents.
Chorale, thé dansant, promenade dans un jardin thérapeutique, zoothérapie, jeux de mémoire pour personnes âgées. Tout peut être prétexte à inviter les seniors à se raconter et décrire ce qu’ils perçoivent. Mais également évoquer ce qu’ils perçoivent moins bien, voire pas du tout.

Les 5 sens … et le bon sens
Si la diminution des facultés sensorielles s’accroît avec l’âge, l’un des meilleurs moyens de la combattre est bien l’échange :
- parler avec l’entourage;
- échanger avec le médecin traitant;
- oser consulter des spécialistes (ophtalmologiste, ergothérapeute);
- informer les aidants professionnels (infirmières, auxiliaire de vie…);
- se renseigner auprès des CLIC (centres locaux d’information et de coordination). Il existe en effet des aides disponibles pour adapter le logement si besoin;
- confronter son expérience avec d’autres seniors pour apprendre à vivre avec cette nouvelle situation.
Autant de réflexes de bons sens que la personne âgée ne peut mener seule. Il va falloir désormais l’aborder avec l’entourage familial et extra-familial. L’art de bien vieillir est un apprentissage collectif. La délicatesse et la bienveillance sont les premiers ingrédients pour le réussir !
Bonsoir Madame. Merci de votre retour positif sur cet article et de l’éclairage intéressant que vous y apportez !
Très cordialement.
Très bel article sur les troubles sensoriels et l’importance de stimuler les sens. Mais je suis étonnée que vous n’ayez pas mis l’accent sur la stimulation du Toucher, ce sens justement qui demeure!
Vous auriez pu évoquer la possibilité de faire appel à la socio-esthétique; les socio-esthéticiennes travaillent beaucoup auprès des personnes âgées (soin de support basé sur le Toucher).
D’ailleurs, si vous souhaitez faire un article sur ce sujet, je suis à votre disposition 😉
Bien cdt,
Ariane ROSE
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